L’extension d’encolure pour muscler son cheval

Dans le guide complet pour muscler son cheval, nous avons évoqué l’extension d’encolure comme un exercice incontournable pour muscler son cheval dans le bon sens. Dans cet exercice, le cheval travaille avec une tête en bas, en biomécanique, on parle de flexion longitudinale de l’encolure (et non extension d’encolure).

Cet exercice reste un exercice difficile à réaliser pour le cheval : il va à l’encontre de son inné locomoteur. Pour bien réaliser l’exercice, le cheval doit conserver sa cadence, gagner en rebond et tenir un contact dans les rênes, sans s’appuyer ni tiré.

Afin de réaliser cet exercice, le cheval va devoir trouver dans son corps comment faire, c’est-à-dire trouver la posture équestre qui va l’aider (spoiler : engagement des postérieurs, remontée du garrot… vont énormément aider). Vous aurez ainsi l’ensemble des observables à la bonne réalisation d’une extension d’encolure.

Enfin, nous verrons en quoi l’extension d’encolure est incontournable dans la construction musculaire du cheval : elle muscle l’avant-main, les abdos… vous avez un cheval qui travaille dans le bon sens !

1 – Les observables de l’extension d’encolure

L’extension d’encolure : travailler en attitude basse

Le cheval va se déplacer avec une attitude basse, c’est-à-dire une tête orientée vers le bas. On parle biomécaniquement d’une flexion longitudinale de l’encolure.

Le terme extension d’encolure est biomécaniquement FAUX. En fait, biomécaniquement, la colonne vertébrale au niveau de l’encolure est en flexion (et non en extension).

Autre chose essentielle : l’angle tête encolure doit être ouvert, c’est-à-dire le chanfrein est loin de la verticale. Il est ultra important que le cheval ne vienne pas s’enfermer en hyperflexion (que ce soit par lui même ou par de mauvaises actions du cavalier). Si vous avez un doute sur la nécessité de garder un chanfrein au delà de la verticale, découvrez l’article ultra complet de Patrick GALLOUX et Isabelle BURGAUD, qui démontrent les effets néfaste de l’hyperflexion.

L’idée est que le cheval oriente son bout du nez vers l’avant ET vers le bas. Permettant ainsi d’ouvrir l’angle tête-encolure.

Observables à avoir pour une bonne réalisation de l’extension d’encloure

Je vous donne ici 3 observables simples à regarder (quand vous êtes à pied) et sentir (quand vous êtes à cheval). Si vous avez ces 3 observables, votre extension d’encolure a de très grandes chances d’être parfaite. 😉

Observable n°1 : En extension d’encolure, la conservation de la cadence est essentielle

Demander au cheval de baisser la tête, c’est lui demander de surcharger son avant-main. Sur la plupart des chevaux qui débutent ce travaillent, ils vont simplement être déséquilibré vers l’avant et donc « courir après leur équilibre » en accélérant. Le cheval va perdre sa cadence.

Quand vous demandez une extension d’encolure, l’observable premier est le maintien de la cadence. Le cheval doit rester dans le même rythme et ne pas se laisser emporter par son poids.

Observable n°2 : En extension d’encolure, le cheval gagne en rebond

Un deuxième observable de la bonne réalisation d’une extension d’encolure c’est le rebond. 

En fait, pour réussir l’exercice, le cheval ne doit PAS effondrer son garrot. S’il effondre son garrot, l’équilibre est alors descendant. Les antérieurs se posent même parfois avant les postérieurs.

A l’inverse, si ton cheval garde son garrot en hauteur en faisant intervenir les sangles de suspension du tronc au dessus des antérieurs, il va réussir à garder un équilibre au moins horizontal. 

L’observable : votre cheval va gagner en rebond. Au trot enlevé, vous allez sentir que votre cheval vous « jette » d’avantage en dehors de votre selle.

La sensation en tant que cavalier est très importante : au moment où il baisse la tête, au trot, vous allez sentir au niveau du garrot et du dos que vous êtes plus projeté en dehors de la selle. Vous aurez la sensation que le garrot remonte.

Observable n°3 : En extension d’encolure, un contact bien précis est demandé

Que vous ayez un mors ou non dans la bouche du cheval, cela ne change rien : en extension d’encolure votre cheval doit tenir le contact lui-même avec un bout du nez orienté vers l’avant et vers le bas.

Oui votre cheval va littéralement « pousser dans son contact en avant et vers le bas » (avec toujours un angle tête encolure ouvert). 

Attention, votre cheval n’est pas en train de tirer ou de s’appuyer telle une béquille. C’est là que la notion de contact se complique un peu. En fait, vous devez avoir la sensation que votre cheval vient pousser dans son mors tout en restant en équilibre (sans perte des observables précédents). Vous devez avoir un léger contact mais pas 100 kg dans chaque bras.

Un autre moyen de vérifier que votre cheval ne s’appuie pas sur son mors : lâcher le contact ! Oui oui, j’ai bien dit lâcher tout. Si votre cheval arrive à garder les 2 autres observables précédents au moment où il est sans contact sur plusieurs foulées (et non juste 2 secondes, mais 20 secondes par exemple), c’est qu’il n’était pas en train de tirer ou de s’appuyer. 

Biomécanique de l’extension d’encolure

Biomécaniquement, pour pouvoir réaliser une extension d’encolure avec les 3 observables précédents, le cheval doit trouver dans son corps comment faire. Le cheval doit trouver la bonne posture équestre pour réaliser la véritable extension d’encolure. 

Le cheval doit trouver dans son corps comment faire une extension d’encolure

On va parler posture équestre : et oui, votre cheval doit trouver LA POSTURE EQUESTRE pour réaliser une belle extension d’encolure. Lisez l’article associé à la posture équestre et tout va s’éclairer 🙂

En gros, pour s’équilibrer lors de l’extension d’encolure votre cheval va devoir :

• Engager ses postérieurs pour remettre du poids sur l’arrière main et aider au reculer son centre de gravité
• Remonter ses abdos pour aider le recul du centre de gravité et aider le dos à se tenir en flexion (dos rond)
• Remonter son garrot (comme nous l’avons vu dans le rebond) : votre cheval va monter son garrot pour aider au recul du centre de gravité pour permettre de conserver un équilibre horizontal et éviter la perte d’équilibre vers l’avant et le maintien de la cadence.

Pour en savoir plus sur la biomécanique du cheval, n’hésitez pas à consultez la médiathèque IFCE.

Tous vos observables à pied : aller plus loin dans l’observation du cheval

Ainsi, si vous souhaitez aller plus loin et observer la locmotion de votre cheval en extension d’encolure. A pied, vous verrez plusieurs chose. Dans la bonne réalisation de l’exercice, votre cheval va 

• Conserver sa cadence et améliorer son rebond (cf. Paragraphe précédent : les observables simples d’une bonne réalisation de l’exercice)
• Poser ses antérieurs et postérieurs en même temps
• Avoir un équilibre horizontal (et non descendant, synonyme d’un garrot effondré, perte de rebond et parfois même augmentation de la cadence).
• Avoir son bout du nez orienté vers l’avant et vers le bas avec chanfrein au delà de la verticale (jamais en hyperflexion) et un angle tête encolure ouvert
• Contracter ses abdos (vous pouvez le voir sur le cheval)
• Engager (ça c’est plus compliqué à voir : est-ce que l’engagement est suffisant ? En fait, si votre cheval a tous les observables précédents, l’engagement des postérieurs est suffisants). Personnellement, si je souhaite augmenter l’engagement des postérieurs, je lui apprends en travail à l’épaule à pied d’abord : « cheval peux tu engager plus ce postérieur dessous stp ». Pour l’installer j’utilise le language de la rêne. C’est un peu abstrait écrit comme ça (et je m’en rends compte, mais je te ferrais une vidéo à l’occasion pour te montrer, car une belle vidéo vaut mieux qu’un long discours :))

Les défauts dans l’extension d’encolure

Evidemment, comme on voit la complexité de l’exercice et l’ensemble des observables qui doivent être là, il est très important de savoir que le cheval à plusieurs possibilités pour sortir de l’exercice et s’économiser.

En bref, pour chaque observable, votre cheval peut ne pas bien le réaliser et donc sortir aisément de l’exercice.

La fermeture de l’angle tête-encolure & hyperflexion

Le premier défaut est la fermeture de l’angle tête-encolure. Comme il a été évoqué dans l’article l’impact de la fermeture de l’angle tête encolure dans la locomotion du cheval, ce n’est pas du tout recommandé. PS : ce n’est pas forcément l’action des mains du cavaliers qui seront responsables, mais en fait, un cheval qui va s’économiser de lui-même. La fermeture de l’angle tête-encolure empêche les postérieurs de biens s’engager.

Dans ce cas, il faudra travailler avec du pli / incurvation et ne pas demander au cheval d’aller trop en bas, mais surtout de mobiliser les postérieurs (déplacement latéraux de type épaules en dedans, tourner avec les hanches …).

La perte de la cadence 

C’est peut être la chose la plus dure dans l’exercice d’extension d’encolure : conserver la cadence. Je te conseille d’aborder l’extension dans l’incurvation, et dans les déplacements latéraux. Dans le prochain article, je t’explique précisément comment aborder l’exercice d’extension d’encolure dans cette optique de maintien de la cadence 🙂

Pourquoi l’extension d’encolure est si utile dans la construction musculaire du cheval ?

Muscler son cheval dans le bon sens : une bonne posture dans l’extension d’encolure 

Si ton cheval réalise bien l’exercice d’extension d’encolure, il va travailler :

• Ses sangles de suspension du tronc entre les antérieurs pour remonter son garrot ET pour gérer la surcharge sur l’avant main à cause d’une tête en bas.
• Ses abdos pour conserver son équilibre et sa cadence
• Les muscles de l’engagement / propulsion des postérieurs (par le nécéssaire engagement des postérieurs dans l’exercice).

En gros, il va travailler dans la posture équestre et se muscler dedans .

Muscler le cheval : les muscles profonds travaillent énormément 

Dans l’extension d’encolure, le  cheval a une attitude basse, cela va donc travailler la musculature profonde du cheval, c’est-à-dire, les muscles les plus proches des os. Ces muscles posturaux (multifides, abdos profonds…) vont dont se tonifier et s’épaissir.

Ainsi, ton cheval va naturellement avoir une meilleure posture.

Après plusieurs mois de travail dans le bon sens, tu peux voir que le dos du cheval remonte naturellement. C’est un super signe d’un travail musculaire efficace ! 

Personnellement, j’ai vu l’effet sur mon petit pur sang arabe qui avait toujours le dos creux et la tête en l’air. Avec le travail, en 3 mois, on a commencé à voir le dos remonté…

La surcharge sur l’avant-main : le garrot ressort et le cheval grandit

Ensuite, elle provoque une surcharge sur l’avant main, et donc muscle le cheval. Après avoir fait plusieurs mois un peu d’extension d’encolure en attitude très basse tous les jours, votre cheval peut gagner quelque cm de taille au niveau du garrot : oui, l’extension d’encolure fait sortir le garrot des chevaux !

Le blog Equisense parle plutôt de descente d’encolure, quelque soit son nom, c’est un exercice qui muscle l’avant-main du cheval. Perso, pour moi la descente d’encolure c’est simplement le cheval qui vient « baisser la tête », mais les autres observables ne sont pas présents : le garrot s’effondre, le cheval n’engage pas, la cadence accélère et il ne tient pas le contact (« pousse sur le contact » n’est pas présent). La descente d’encolure définie comme moi est beaucoup moins efficace pour muscler son cheval que l’extension d’encolure qui est plus globale et surtout respecte vraiment l’inné locomoteur du cheval.

Conclusion 

Pour conclure, l’extension d’encolure est donc un exercice INCONTOURNABLE pour muscler votre cheval. Mais vous l’aurez remarquer, votre cheval a beaucoup de porte de sortie pour s’économiser et ne pas bien réaliser l’exercice.

Dans l’article suivant, je t’explique Comment aborder l’extension d’encolure (et la réussir) avec son cheval ?

 

Article écrit par Virginie, passionnée, enseignante d’équitation éthologique et cavalière

 

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